Si vous sentez que le lien avec votre enfant s’effrite ou devient fragile, prenez un moment pour réfléchir à ce qu’il peut vivre et aux influences auxquelles il est exposé. Cette compréhension vous aidera à poser les bons gestes, au bon moment.
Consultez la section Comprendre ce que vit mon enfant.
Pour une intervention directe : la Méthode ADR
En situation de conflit de loyauté, de conflit sévère de séparation (CSS) ou de dynamique d’aliénation parentale (AP), il n’est pas rare qu’un enfant revienne d’un séjour chez l’autre parent avec une charge émotionnelle importante, accompagnée de messages, parfois inconscients, qu’il se sent poussé à transmettre.
Pour aider les parents à désamorcer les conflits, préserver la sécurité affective de l’enfant et protéger la relation parent-enfant, le CAP-E a développé la méthode ADR : Accueillir, Dédramatiser, Recadrer.
Imaginez que votre enfant rentre avec un sac à dos rempli de petits cailloux, représentant :
- Un message entendu : « Papa dit que tu es égoïste.»
- Une émotion absorbée : colère, tristesse, culpabilité, confusion…
- Une pression inconsciente : le sentiment de devoir choisir un camp
Pour alléger ce sac émotionnel, voici trois principes clés :
- Accueillir et valider ce que votre enfant ressent : « Je comprends que tu sois fâché ou que tu aies de la peine… ».
- Dédramatiser, en évitant de contredire directement ou de critiquer l’autre parent. Cela aide à apaiser le conflit de loyauté et à sortir l’autre parent de l’équation.
- Recadrer, au besoin, en rassurant votre enfant sur la stabilité de votre amour : « Peu importe ce qui se passe, je serai toujours là pour toi, et je t’aimerai toujours autant . »
Pour en savoir plus et apprendre à appliquer la Méthode ADR, visionnez la vidéo ci-dessous : À venir
Consultez notre Guide pratique comprendre la méthode ADR
Pour une intervention globale : Stratégies et astuces
Adaptez-vous à son âge et à sa personnalité
Communiquez avec votre enfant en tenant compte de son niveau de développement, de sa sensibilité et de sa maturité émotionnelle. Un même message ne sera pas perçu de la même manière par un enfant de 8 ans, un préadolescent ou un adolescent de 14 ans.
Suscitez sa pensée critique
Encouragez votre enfant à poser des questions, à prendre du recul et à développer son propre point de vue.
Dans une dynamique d’aliénation parentale, le parent aliénant influence souvent le jugement, les souvenirs et les émotions de l’enfant. Il se présente comme la seule figure bienveillante ou protectrice, tandis que le parent ciblé est systématiquement perçu comme fautif.
Pour contrer cette influence, le parent ciblé peut mettre en place des stratégies qui favorisent l’autonomie de pensée : encourager l’enfant à réfléchir par lui-même, à remettre en question certains messages et à construire ses propres croyances plutôt que d’absorber passivement celles des autres.
Il est important de permettre à l’enfant d’exprimer ce qu’il ressent, sans que l’autre parent soit impliquée dans la discussion, ni directement, ni indirectement.
Rappeler le lien d’attachement
Lorsque l’enfant est soumis à une pression qui vise le rejet du parent ciblé, le lien d’attachement peut sembler rompu. Mais bien souvent, il est simplement enfoui sous la confusion, la peur ou une loyauté imposée.
Ramener à la surface la mémoire affective, c’est réveiller des souvenirs porteurs d’émotions positives liées à la relation passée. Cela permet de raviver le lien d’attachement obstrué par l’aliénation.
Quelques gestes concrets :
- Cuisiner un plat ou un dessert que votre enfant affectionne particulièrement. L’odeur et le goût peuvent faire émerger des souvenirs chaleureux ;
- Feuilleter ensemble un album photo, ou envoyer une lettre avec des photos et les souvenirs associés ;
- Partager une chanson que vous écoutiez ensemble, accompagnée d’un petit mot doux : « Cette merveilleuse chanson m’a fait penser à toi. Bisous. Je t’aime.»
Encourager l’enfant à être l’auteur de sa propre vie, de ses objectifs et de ses rêves
Dans un contexte d’aliénation parentale, l’enfant peut se conformer aux attentes du parent dominant au point de s’éloigner de ses goûts, de ses rêves, ou même de ses émotions — par peur de perdre l’amour de ce parent.
Le parent ciblé joue un rôle clé pour encourager son enfant à rester connecté à ses propres désirs, dans un climat d’amour et d’ouverture. Offrir des choix chaque fois que possible est une façon concrète d’y parvenir, tout en évitant de faire intervenir l’autre parent dans la discussion.
Exemples :
- « Tu préfères aller jouer dehors ou faire un bricolage ? C’est toi qui décides. »
- « Si tu pouvais inventer une activité juste pour toi, ce serait quoi ? »
- « Qu’est-ce qui te rend fier de toi ces temps-ci ? »
Valorisez chaque geste d’expression personnelle, même minime : « J’aime ça quand tu dis ce que tu penses. C’est important pour moi que tu sois toi-même. »
Et soutenez ses passions, même si elles ne sont pas valorisées chez l’autre parent : « Tu as tellement de talent en dessin… Tu veux qu’on reprenne un carnet de croquis ensemble ? »
Impliquer l’enfant dans la résolution de vos différends ou de vos conflits
Lorsque les stratégies d’aliénation parentale fonctionnent, elles provoquent souvent des tensions répétées entre l’enfant et le parent ciblé. Plus les conflits s’accumulent, plus l’enfant s’éloigne.
Pour briser ce cercle vicieux, il est essentiel de changer d’approche. Au lieu d’imposer ou de réagir, invitez votre enfant à participer à la recherche de solutions.
Exemple :
Contexte : Votre enfant veut voir ses amis, mais doit d’abord ranger sa chambre. Il vous reproche de ne pas aimer ses amis, de ne jamais le laisser voir ses amis, d’être contrôlant, etc.
Réponse possible : « On dirait qu’on ne voit pas la situation de la même façon. Qu’est-ce qu’on pourrait faire, selon toi, pour que ce soit plus juste pour nous deux ? »
Au lieu de dire : « Je veux que tu ranges ta chambre avant de sortir avec tes amis. »
Essayez : « On n’est pas d’accord sur le moment où tu devrais ranger ta chambre. Est-ce qu’on pourrait trouver une solution ensemble ? Qu’est-ce que tu proposes ? »
Ce type de réponse est particulièrement utile lorsque le parent aliénant tente de vous présenter comme injuste ou autoritaire. Elle permet de ramener l’enfant dans une posture de coopération, plutôt que de confrontation.
Trouver de l’aide pour mon enfant
Lorsqu’il est question d’aliénation parentale, un soutien psychologique ou psychosocial peut s’avérer nécessaire pour votre enfant. Restez à l’affût de signes pouvant indiquer un mal-être plus profond. Des professionnels qualifiés et des programmes spécialisés existent pour lui venir en aide.
Agir rapidement peut faire une différence significative dans le processus de rétablissement de votre enfant.
Consultez la page Ressources d’aide pour l’accompagner efficacement.
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