Comment agir avec l’autre parent ?

Il existe une multitude de motivations qui peuvent pousser un parent à s’engager dans une dynamique d’aliénation parentale. Certains le font inconsciemment, sans en mesurer les conséquences, tandis que d’autres agissent de manière intentionnelle, avec pour but de nuire à l’autre parent par l’éloignement de l’enfant. 

Est-il possible de favoriser la prise de conscience de l’autre parent ?

Dans ce type de dynamique, le parent ciblé se retrouve souvent en position de vulnérabilité. Il est rarement le mieux placé pour confronter ou raisonner l’autre parent, surtout si ce dernier agit de manière défensive, inconsciente, ou dans une logique de protection. Mais certaines approches peuvent favoriser un minimum de collaboration même dans un contexte difficile :

Le parent aux comportements aliénants n’est pas toujours animé par une volonté de blesser ou de nuire. ll peut s’agir :

      • De blessures non guéries (rejet, trahison, abandon);
      • D’un besoin excessif de contrôle ou de validation;
      • D’une peur panique de perdre son enfant;
      • D’un besoin constant d’être perçu comme le meilleur parent;
      • D’une croyance que l’amour d’un enfant se mérite en éliminant toute concurrence;
      • De troubles de personnalité.

Le besoin de reconnaissance peut entraîner une distorsion des faits, l’exagération des conflits, voire une réécriture du passé conjugal auprès de l’enfant.

Comprendre ne veut pas dire excuser. Cela permet simplement d’ajuster son approche pour éviter les confrontations inutiles. 

Qu’en est-il de votre situation ? À quoi pourrait réagir votre coparent sans même en être conscient ?

Plutôt que d’affirmer : « Tu aliènes notre enfant », ce qui risque de provoquer une réaction de fermeture, il est préférable d’amener des réflexions indirectes :

      • « J’ai remarqué que notre enfant semble de plus en plus anxieux quand il change de maison… Tu l’as remarqué aussi ? »
      • « Je me demande si certaines choses qu’on dit sans s’en rendre compte pourraient lui faire croire qu’il doit choisir entre nous… »

Cette approche demande de maîtriser ses émotions et d’adopter une posture presque « diplomatique », ce qui est très difficile en contexte de souffrance.

Le parent ciblé n’est pas toujours le messager idéal. Un tiers neutre ou un professionnel peut faire toute la différence :

      • Médiateurs familiaux sensibilisés à l’aliénation parentale;
      • Thérapeutes familiaux;
      • Programme éducatif du CAP-E.

Inviter l’autre parent à une médiation ou à une rencontre éducative, sans accusation, peut ouvrir une porte. Consultez notre page Identifier un professionnel spécialisé pour en savoir plus.

Tenez un journal des comportements observés. L’objectif n’est pas d’accuser, mais de disposer d’exemples concrets utiles pour de future intervention. Par exemple :

      • Changements dans le comportement de l’enfant;
      • Mots utilisés par l’autre parent dans certaines communications;
      • Réactions de l’enfant à certaines situations.

Parfois, partager un article, une vidéo ou une conférence sur la coparentalité ou l’impact des conflits sur les enfants peut être une façon d’ouvrir la discussion :

      • « Je suis tombé sur cet article (ou cette vidéo) qui explique bien comment les conflits peuvent affecter les enfants. Je me suis dit que ça pourrait nous parler à tous les deux. »

Cela permet de sortir du cadre personnel et de recentrer la discussion sur l’enfant. 

Cela peut sembler contre-intuitif, mais adopter un discours qui reconnaît les intentions positives de l’autre parent peut réduire sa posture défensive et ouvrir la voie à un dialogue plus constructif : 

« Je sais que tu veux ce qu’il y a de mieux pour notre enfant… »

Ce type de formulation, bien dosé, peut désamorcer les tensions  et permettre d’ouvrir un espace de dialogue plus constructif. 

Prenez un moment pour analyser vos réactions avant de répondre à ce que vous percevez comme une provocation. Vos émotions — peur, colère, mépris — sont naturelles, mais peuvent envoyer des signaux ambigus à votre enfant et influencer sa perception. 

Adopter une communication réfléchie peut devenir un outil puissant pour contrer l’aliénation parentale et protéger la relation avec votre enfant.

Dans une dynamique conflictuelle, limitez vos communications avec l’autre parent aux sujets concernant l’enfant : 

      • Horaires de garde;
      • École;
      • Rendez-vous médicaux.

Gardez en tête que chaque échange  peut être instrumentalisé et utilisé contre vous. Restez courtois et réfléchi, que ce soit par message texte ou courriel.

Quels sont vos meilleurs outils pour améliorer vos échanges ?

L’aliénation parentale crée un climat où chaque mot peut déclencher un conflit. Une communication efficace et maîtrisée est donc essentielle pour éviter l’escalade. Deux approches peuvent particulièrement vous aider : la communication non-violente (CNV) et la contre-manipulation.

La communication non-violente (CNV)

Développée par Marshall Rosenberg, la CNV aide à exprimer ses besoins sans agressivité et à écouter ceux de l’autre avec empathie. Elle repose sur quatre étapes : 

      • Observer les faits sans jugement;
      • Exprimer ses émotions;
      • Identifier ses besoins;
      • Formuler une demande claire et réaliste à l’autre.

Elle est particulièrement utile dans les communications écrites (courriels, textos), où le risque de malentendu est élevé. 

Références utiles sur la CNV :

  1. Les mots sont des fenêtres (ou des murs), Marshall B. Rosenberg, 2017.
  2. La communication non violente au quotidien, Marshall B. Rosenberg,  2016
  3. Plusieurs vidéos explicatives sont également disponibles sur Youtube.

La contre-manipulation

La contre-manipulation est une stratégie de communication qui permet de se protéger dans les échanges stériles, hostiles ou manipulateurs — particulièrement dans un contexte de coparentalité conflictuelle ou d’aliénation parentale. Elle repose sur quelques principes clés : 

      • Évitez de vous justifier : restez bref, factuel, sans alimenter le conflit;
      • Restez vague ou neutre, en utilisant des principes généraux;
      • Prenez votre temps avant de répondre : Le recul est précieux; 
      • Utilisez l’humour ou l’autodérision, si le contexte le permet.

L’objectif n’est pas de manipuler en retour, mais d’éviter un échange malsain et improductif et garder votre calme, votre pouvoir d’action et votre stabilité psychologique.

Référence utile sur la contre-manipulation :

  1. Les parents manipulateurs, Isabelle Nazare-Aga  2014
  2. Séparations avec enfants, Marie-France Hirigoyen 2024
Lorsque la collaboration est possible

Si votre coparent est ouvert à la collaboration, il est possible de travailler ensemble pour améliorer la communication et réduire les conflits nuisibles à la santé et au développement de votre enfant. Des ressources et professionnels qualifiés peuvent vous accompagner dans cette démarche : 

      • Coaching coparental; 
      • Ateliers spécialisés offerts par des organismes communautaires; 
      • Service de médiation familiale;
      • Etc.

Pour en savoir plus, consultez notre page Ressources d’aide.

Lorsque la collaboration est impossible

Quand la collaboration entre parents est rompue ou hors de portée, une approche psychojuridique adaptée à votre situation et à l’âge de vos enfants devient nécessaire. Cette démarche doit être mûrement réfléchie. 

Ce site internet est conçu pour vous accompagner à travers une dynamique de coparentalité hautement conflictuelle et d’aliénation parentale. 

Il vous guide à chaque étape. Consultez notre page Parent.

En complément, le CAP-E vous propose diverses activités (accompagnement, ateliers, conférences, groupes de soutien) pour répondre à vos questions.

Pour en savoir plus

Prévenir l'aliénation parentale

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